Uber ouvre les hostilités
En septembre, Uber va lancer un service de taxi de voitures autonomes. Les habitants de Pittsburgh pourront appeler une voiture Uber qui sera conduite par un ordinateur. Plus précisément, il y aura une personne derrière le volant et sur le siège passager, mais ce seront des ingénieurs présents pour vérifier que tout fonctionne bien.
C'est le premier pas concret d'Uber dans le secteur des voitures autonomes. Ce n'est pas étonnant : Uber avait déjà débauché les principaux cerveaux derrière le département d'intelligence artificielle de l'université de Carnegie Mellon. Certains parlent même de "pillage" tellement Uber a embauché...
Ce n'est pas vraiment une surprise : le coeur de métier d'Uber est de transporter des personnes. Or, Uber a perdu plus d'un milliard de dollars pendant les six derniers mois. La plus grosse charge ? Plus de deux milliards payés aux chauffeurs Uber. Il est évident que l'objectif est de faire en sorte de moins payer les chauffeurs.
A terme, Uber se voit comme l'entreprise à la tête de la plus grande flotte de voitures autonomes avec toujours un même but : transporter des personnes. Cette transformation me rappelle celle engagée par Netflix. Au départ, Netflix permettait de louer des DVD par correspondance. On commandait un DVD sur le site Internet et on le recevait dans la semaine. En le renvoyant, on pouvait alors louer un autre DVD. Puis, Netflix s'est modernisé et est devenu le numéro 1 du streaming, bien loin des DVD dans les boites aux lettres. Cela a demandé des investissements colossaux ainsi que des changements drastiques dans la gestion de la société.
A la différence de Netflix, Uber doit s'allier avec un autre acteur économique : un constructeur de voitures. Afin de faire ses tests à Pittsburgh, Volvo vend des voitures à Uber qui construit son propre système de voiture autonome. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'y aura pas de partage technologique entre Volvo et Uber. D'ailleurs, Volvo construit de son côté son propre système de voitures autonomes qui sera en test à partir de l'année prochaine.
Toyota et autres investissent
Du côté des constructeurs automobiles, c'est la panique. Ils craignent de devenir obsolètes à cause d'Uber, Google, Microsoft, Apple et les autres. Regardez ce qui s'est passé avec Nokia, Palm, Motorola, BlackBerry (alors RIM) et les autres avec l'arrivée d'Apple (avec l'iPhone) et de Google (avec Android). Les constructeurs automobiles ne veulent pas devenir les futurs BlackBerry.
Alors ils investissent. Comme Toyota qui a investi plus d'un milliard dans des centres de recherche en intelligence artificielle dans la Silicon Valley. D'autres mettent en place des partenariats en espérant récolter les fruits du travail des ingénieurs californiens. Ford travaille avec Google, General Motors s'allie avec Lyft (concurrent d'Uber).
D'autres comme Mercedes, craignant un peu trop la puissance de la Silicon Valley, décident de travailler sans eux. C'est un enjeu sans précédent. Le chiffre d'affaires du secteur automobile est de plusieurs milliers de milliards par an. Chacun veut sa part du gâteau.
Quand les voitures non-autonomes seront interdites à la vente ?
Il est évident que les voitures autonomes vont transformer notre façon de se déplacer. On peut imaginer aller au travail et demander à sa voiture ensuite de trouver une place pour se garer, quitte à ce que ce soit à plusieurs kilomètres. En sortant du travail, la voiture autonome viendra nous chercher devant notre entreprise. On peut imaginer même ne pas posséder de voiture, mais d'avoir un abonnement avec lequel nous pouvons appeler une voiture quand on en a besoin.
La mise au point de voiture autonome est un problème complexe à gérer, beaucoup plus difficile que ce que croit le grand public. Mais il sera sans doute régler dans les 10 ans à venir au vu des investissements consentis. D'ailleurs, les voitures actuelles embarquent de plus en plus de systèmes automatiques. Par exemple, aux USA il sera interdit d'ici 2022 de vendre des voitures sans système de freinage automatique.
La plupart des accidents de voitures sont provoqués par des erreurs humaines : excès de vitesse, alcool, drogues, médicaments, erreurs, fatigue, etc. Nul doute que les voitures autonomes amélioreront la sécurité sur les routes. Je vois bien de mon vivant le nombre de morts sur les routes en France passer en dessous des 1000 par an (nous en sommes à plus de 5000).
Ceci étant, je me pose la question : quand est-ce que les voitures classiques seront interdites à la vente pour des questions de sécurité ? Cela est un vrai changement de vie si une personne n'a plus le droit de conduire car cela serait trop dangereux (pour le conducteur et pour les autres). Peut-être 2050 ?